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Hellfest : perseverare diabolicum

slayer, kiss, the interrupters, ultra vomit, les wampas, me first and the gimme gimmes, slash, fever 333, clutch, morning again, lynyrd skynyrd, blackberry smoke, eagles of death metal, dropkick murphys, gojira, hellfest, metal, hard rock, punk, warzoneEt je décidais de retourner au Hellfest. Armé de l’expérience de l’année 1. Dépucelé en quelque sorte.

Avec tous les enseignements, du style, ne pas se balader 3 jours en Converse histoire de ne pas se retrouver le 3ème jour avec la démarche d’un labrador en fin de vie,

Boire de l’eau avec la bière le premier jour, histoire de ne pas se réveiller avec une barre dans le crâne. La base.

Ressortir la chemise hawaïenne, le détail qui permet à la bande de velus testostéronés de se repérer de loin au milieu des t shirts noirs à pentagrammes et têtes de boucs.

A part ça, Citrate de bétaïne, Alka Seltzer et Doliprane dans le sac. Et diète de bière pendant le mois précédent pour se préparer à l’épreuve.

À la question de fond que certains se posent, à savoir, comment un garçon bien élevé peut aller s’encanailler dans un alter-monde où l’on ne boit pas que de l’eau en écoutant des sons que le Béotien qualifierait en vrac de musique de sauvages ? Le rock mainstream m’ennuie. J’en ai trop entendu. Dans l’absolu, le mainstream m’emmerde. Trop de radios au son pop-rock, ce qui en soit ne veut rien dire, dans la mesure où l’on mélange allègrement Calogero, Vianney, Sting et Dire Straits… Argh. À chacun son sale goût, je ne l’affirmerai jamais assez. Mais la pop molle façon Coldplay m’ennuie profondément. Tout comme le rock grandiloquent calibré stade de Muse.

Bien sûr, tout n’est pas au top au Hellfest. Premier constat, les têtes d’affiche vieillissent. Les groupes mythiques voire historiques du hard rock ou du metal ont des membres d’origine, confits dans le Jack Daniel’s et les substances qui frôlent les 70 ans. Les gros plans sur les écrans géants trahissent des ans l’irréparable outrage. Certes, la gestuelle est précise, les mecs ont du métier. Mais pour combien de temps encore ? Le rock est devenu ce machin antique qui n’attire plus les foules comme auparavant. Nombreux sont les festivals qui se revendiquent du « rock » tout en accordant une large part de l’affiche au hip hop, à l’électro, à la variétoche pop rock, soft rock, au folk dépressif, aux gloires éphémères, qui remplissent tant bien que mal les rangs d’un public familial… Le rock est peut-être mort. Il ne fait plus peur en tout cas. Il n’est qu’un genre musical comme un autre décliné en multiples sous-genres.

Mais focalisons-nous sur le Hellfest, qui est une expérience quasi-mystique. Même la deuxième fois. Les têtes d’affiche, donc. Passons sur la prestation de ZZ Top, efficace. Sans bavures. Sans jeu de scène ni contact avec le public. Les barbus mécaniques enquillent les tubes, font leur set, il faut bien gagner sa vie et justifier le cachet. Tu es content quand ils jouent La Grange. Parce que le titre est une légende à part entière et que tu sais que c’est bientôt la fin du concert. Sinon, on s’ennuie ferme. Saut bien sûr quand on va au concert entre une et deux fois par an et qu’on est content d’avoir enfin vu une légende. On pourrait faire un DJ set à la place. Pas d’impro, pas d'envolée lyrique, pas de prise de risque. Rien. Les guitares sont chic. Mais on n’est ni venu à un salon de l’instrument de musique ni au visionnage d’un clip. Kiss enchaine. Et là-aussi, le public jubile.

Kiss est une belle blague marketing qui dure depuis des années. La version acceptable du shock rock d’Alice Cooper à l’époque. Propre. Les Pat Boone ou Ricky Nelson du hard rock. Des personnages de cartoon. Sur un hard rock aux antipodes de la musique vénéneuse des dégénérés de Mötley Crüe quelques années plus tard, ou des voyous des Guns’n’Roses. Un show participatif, qui permet au groupe de s’économiser en demandant un public des wo-oo, wa-aa… C'est pauvre. Mais ça fonctionne. Apparemment, la longue langue de Gene Simmons affole toujours les foules. Et le maquillage permet de cacher les rides et les changements de personnel… Bref, un show spectaculairement anodin, tellement anodin que je n’attends même pas I was made for lovin’ you

L’intérêt est ailleurs. Passons sur la pitoyable comédie des mégalos de Manowar-le-groupe-qui-veut-jouer-le-plus fort. Vieux adolescents attardés. Spinal Tap sans l’humour.

Côté humour et déconne, la palme revient à Ultra Vomit. Ajoutons pour faire bonne mesure Me First and the Gimme Gimmes et Les Wampas. Preuve que le rock est bien vivant quand il ne se prend pas au sérieux. Ultra Vomit, humour potache, le Wall of death entre la team pipi et la team caca est un must. Autant que l’hymne à l’évier (métal) ou la parodie de Calogero (avec sosie sur scène). Me First, issu de NOFX (sans Fat Mike, parti se faire fouetter ailleurs) revisite les classiques de la pop à la sauce punk. Avec CJ Ramone à la basse, dernier de la dernière mouture des presque faux frères encore vivant. Quant aux Wampas, c’est un concept à part entière. Avec ses rituels. Et Didier Wampas est le roi. On en redemande. Ça slamme dans tous les sens. C’est foutraque. Quant à toi qui sans prévenir m’a sauté dessus pour démarrer ton slam, mes lunettes ayant morflé au passage, ne t’avise pas à refaire ça. Je te collerai un coup de bienveillance dans la face…

Je tiens à signaler que j’ai dormi pendant le concert des Eagles Of Death Metal.

Les Dropkick Murphys ont eu raison de ma voix. En deux titres, Shipping up to Boston et I fought the law (and the law won). Bière, cornemuses, trèfle et très gros son. L’esprit des Pogues, des pubs enfumés, de l’Irlande embrumée, du whiskey, de la tourbe et des lacs du Connemara est là. Enfin, peut-être pas celui des hommes d’ailleurs venus chercher le repos de l’âme… Mouarf! Sacrilège!!!!

slayer, kiss, the interrupters, ultra vomit, les wampas, me first and the gimme gimmes, slash, fever 333, clutch, morning again, lynyrd skynyrd, blackberry smoke, eagles of death metal, dropkick murphys, gojira, hellfest, metal, hard rock, punk, warzoneGojira, c’est juste proprement monstrueux d’efficacité. Un beat énorme, rapide. Qui devrait plaire aux fans d’électro. Il y a des ponts musicaux entre les genres. Ici pas de machines, juste la frappe de Mario Duplantier. Énorme.

Les bonnes grosses claques, Fever 333. Du brutal. Pas aussi claquant qu’Ho99o9, mais bien comme il faut. Sur l’une des mainstages qui plus est. L’occasion de voir un jeune groupe qui déchire s’approprier le public. À revoir!!!! Côté Warzone, mention spéciale aux Descendents, Employed to Serve ou Morning Again. Brutaux comme il faut. Et The Interrupters, des gamins qui font un ska punk pas d'une folle originalité mais optimiste et plein d’énergie ! Sans oublier Clutch. 

Passons sur Deadland Ritual, démonstration une fois encore qu'il ne suffit pas d'aligner quelques vieilles gloires, et d'appeler ça "super groupe"... Geezer Butler, Matt Sorum et Steve Stevens font du bruit. mais ne décollent que lorsqu'ils interprètent un titre de Black Sabbath ou de Billy Idol...

Presque palme de la jeunesse éternelle à Jimmy Pursey. Sham 69 en pleine forme, Jimmy est pourtant de mauvais poil et interrompt son concert pour cause de grande chaleur... Le problème classique avec les seniors qui jouent aux jeunes... Mais quelques pépites comme White Riot, Borstal Breakout et When the kids are united pour bramer en coeur!

Dans le genre terriblement daté, No One Is Innocent qui combat toujours le Front National comme dans les années 90 (avec le succès que l'on sait) et s'indigne de la Guerre du Vietnam...

Il y a des moments où le temps se suspend. Blackberry Smoke et Lynyrd Skynyrd. Mêmes racines sudistes. Du rock classique avec de multiples guitaristes. Du solo du piano et des drapeaux confédérés. C'est la séquence presque calme du Hellfest. Où le beat se ralentit. Du gros rock de trucker, à l'ancienne. Sweet Home Alabama, hymne absolu. Free Bird avec hommage à Ronnie Van Zandt (en présence du chapeau de feu Ronnie) et séquence émotion quand s'affichent les noms des membres disparus du groupe (fatal accident d'avion, un membre et demi d'origine sur scène). Précision en passant Lynyrd Skynyrd se prononce Leuneurde Skineurde... C'est même écrit sur la pochette de leur tout premier album. Le groupe se produit juste après Anthrax. Deux salles, deux ambiances. Cherchez pas la cohérence. Pas plus que les furieux de Lamb of God juste après les survivants sudistes. Deux salles, deux ambiances, bis.

Finalement j'aurais dû aller écouter Cannibal Corpse au lieu de m'infliger Slash feat. Myles Kennedy. Un guitariste virtuose cachetonne avec un sosie de Kevin Bacon, sans alchimie artistique, sans titre des Guns (sauf un), avec un répertoire lambda, pendant que des chevelus (dont un sosie d'Alan Rickman dans le rôle du Professeur Rogue) s'agitent sur scène. Consternant de banalité.

Et Slayer fit son ultime show en terre française. Sans être fan hardcore du groupe, j'étais curieux de voir. Résultat stupéfiant. Scotché au mur (du son). Et le fait d'avoir vu Tom Araya esquisser un sourire met en joie. Car Slayer, c'est plus d'un heure trente de virtuosité technique et de carpet bombing sonique. Des flammes des pentagrammes, des croix renversées, la totale. Que du bonheur...

Une dernière bière, un dernier débrief. On resigne pour l'année prochaine. 

Repos. 

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