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LE VOLUME SUR 11 - Page 53

  • La Mort de Staline, le film

    Le Petit Père des Peuples est arraché à l'affection des siens le 5 mars 1953. 65 ans plus tard, un film anglais s'empare du sujet (en adaptant un roman graphique éponyme). Et c'est un pur régal. Un film satirique, caustique mettant en scène une bande de joyeux drilles, Khrouchtchev, Malenkov, Molotov, Boulganine & co, prêts à tout pour s'emparer de la chapka encore chaude du big boss, dans un bordel total où chacun cherche à enfumer l'autre en veillant bien à ne pas se faire fumer par le psychopathe en chef, Beria. Lequel a des dossiers sur tout le monde et compte bien s'en servir pour devenir le Grand Manitou.

    D'un côté ça exécute, ça goulague sévère, de l'autre ça complote pour tenter de vaguement détendre l'atmosphère après quelques années de pas franche rigolade où la moindre offense au Grand Migou pouvait vous faire envoyer au fin fond de la Sibérie pour manier des barres de plutonium à mains nues (au mieux)... 

    Reconstitution historique somptueuse, il ne manque pas une étoile rouge, pas une faucille ni un marteau. Passé la première surprise d'entendre des supposés Russes s'exprimer en anglais, on est embarqué dans le délire historico-satirique d'Armando Iannucci. Et on jubile. Le propos est grave. Pour ceux qui n'ont pas connu le monde d'avant le djihadisme, il fut un temps où l'équilibre de la terreur nous plaça, nous placide peuple des Lumières, entre les gentils du monde libre et les meuchants rouges au couteau entre les dents. Avec la perspective de voir les chars de l'Armée Rouge remonter les Champs Elysées pour le mieux, de l'apocalypse nucléaire pour le pire, tout cela en écoutant Kalinka interprétée par les Choeurs de l'armée susmentionnée (version antique du soft power). 

    Le film de Iannucci est délicieusement féroce. La comédie du pouvoir est délicieusement interprétée par Steve Buscemi (Khrouchtchev), Michael Palin (Molotov), Jason Isaacs (Joukov) entre autres. La Mort de Staline, c'est la joie dans la terreur, avec des protagonistes aux mains plus ou moins sales... mais bon... que celui qui n'a jamais purgé leur jette la première pierre...

    A voir!

    En salles le 4 avril.


    Catégories : Ciné, Pop culture Lien permanent
  • Voyageur, tout commence par une chanson

    Coup de coeur pour Voyageur... Une vidéo, une chanson, une mélodie, mélancolique. Noir et blanc des images, Normandie sous la pluie, une absence. Quelques années après Da Brasilians, aux chaudes harmonies vocales si proches de CSN&Y, Voyageur propose un récit intimiste, il y a comme une fragilité dans sa voix. C'est juste beau. On attend la suite.


    Enjoy!

    Catégories : Découvertes, Musiques Lien permanent
  • Papa

    Je me revois encore posant sur la platine le deuxième album de Nina Hagen Band, Unbehagen, que tu m'avais rapporté d'Allemagne, au retour d'un voyage à Munich. Les premières notes d'African Reggae résonnaient. Je jubilais, j'avais 16 ans. Toi l'amateur de jazz, de classique, le fan de la toute première heure de Brel, tu nourrissais ma passion dévorante pour le rock, passion qui ne m'a jamais quitté. Avec le recul, je réalise que les yodels accompagnés de guitares punk n'étaient certainement pas ta tasse de thé, mais je te sais gré d'avoir accepté que je l'impose à toute la famille, le volume sur 10 (enfin, 11, en fait. Spinal Tap style). Parce que le rock, ça s'écoute fort.


    Bien sûr nous eûmes des orages. C'est Brel qui le dit. Mais on est tombés d'accord sur l'essentiel. On était en paix. C'est le plus important. J'aurais tant aimé te raconter le Hellfest, où je vais pour la première fois en juin prochain. D'ailleurs, là haut tu vas sûrement croiser Fast Eddy Clarke, qui vient de rejoindre Philthy Animal Taylor et Lemmy. Tu croiseras peut-être les Ramones, Joe Strummer. Ils t'expliqueront. Tu croiseras Bowie, vous aurez une date commune à fêter. Tes pas croiserons ceux du Count et du Duke. De belles rencontres, vous pourrez regarder les mains d'Errol Garner effleurer le clavier. Le Grand Jacques doit flâner quelque part. Bien au repos, avec son bronzage perpétuel des Marquises. Et Louis chantera quelques spirituals de son Good Book. L'occasion de ressortir ta guitare, non? 


    Tu étais passionné, boulimique de culture. Tu nous as épargné le vulgaire, tu avais l'exigence et la rigueur de ceux qui veulent le meilleur, pour eux-même et pour les leurs. Une forme de pureté. Nous - je parle au nom de la fratrie - avons grandi en musique. Je n'ai pratiqué aucun instrument. J'aurais dû, ça m'aurait éviter des heures d'air guitar... J'aurais pu me mesurer à Gilmour ou Hendrix. Mais bon... L'adolescent est un peu buté parfois. 

    Quand j'ai reçu, à 14 ans le combo magique, platine vinyle + ampli, un monde s'est ouvert à moi. Tu m'as d'abord prêté les 4 premiers albums de Brel, des 25 cm, aux pochettes cartonnées austères. Brel, période Abbé Brel. Le privilège de découvrir des textes puissants. Des textes qui me reviennent en tête aujourd'hui. Quand on n'a que l'Amour, On n'oublie rien, Grand Jacques, l'Air de la Bêtise... Tu avais moins aimé comment Brel avait évolué au fil du temps. Tu lui reprochais d'être tombé dans une certaine facilité. J'aime toujours autant Brel. Et certain textes auront aujourd'hui une résonance toute nouvelle. Pas sûr que je n'écoute pas Jojo avec les yeux un peu humides. Jojo, voici donc quelques rires, quelques vins, quelques blondes... 


    J'ai puisé dans ta discothèques. J'y ai trouvé Ray Charles (Hit the road Jack), Bill Haley (Rock around the clock) et The Platters (Only you). Et du jazz, et du classique.

    Tu t'es plongé dans les ressources de la médiathèque de ta boîte pour me faire découvrir mon premier Pink Floyd. Meddle. Qui m'a scotché au mur. La suite est connue. Il y avait bien sûr la pop acceptable, celle qui formellement se rapprochait de tes genres musicaux favoris, plus mélodiques. Il y avait tout le reste. Que je t'ai épargné, en fermant la porte de ma chambre d'ado, maigre protection auditive... Tu as du entendre des bribes de Pistols et de Clash. 

    En fermant les yeux me reviennent des souvenirs d'enfance, des sons. En vrac. Michel Fugain, Gilbert Bécaud, Félix Leclerc. La Symphonie Héroïque de Ludwig Van, Leningrad de Chostakovitch, La Nuit sur le Mont Chauve de Moussorgsky (y compris dans cette étrange version d'Emerson, Lake and Palmer). 


    Il n'y a pas que les sons, il y a les images, les lectures. Tu étais scientifique, j'étais littéraire (en fait). Tu m'as fait découvrir Jules Verne (Le plaisir de lire L'Île Mystérieuse  dans une édition originale Hetzel!), Asimov, A.E. Van Vogt (dont, des années plus tard, je n'ai toujours pas compris les subtilités du Monde des non-A), Huxley, Bradbury. Fan de SF, nous avons vus ensemble le tout premier StarWars dès sa sortie en 78, Blade Runner plus tard. J'ai découvert avec toi le plaisir du livre, autant de la lecture que de l'accumulation de livres. Lire, encore et toujours. J'étais heureux ces dernières semaines de t'avoir fait découvrir Arto Paasilinna. Tu voulais des livres légers et pleins d'humour. C'était nouveau. Ca te changeais de tes livres d'Histoire!

    On pourrait parler bande-dessinée aussi, Blueberry, Valérian, Tintin...

    On pourrait parler des Marx Brothers, d'Helzapoppin.

    On pourrait parler encore pendant des heures. 

    Tu m'as transmis ta curiosité et ta boulimie culturelle. 

    Merci.

    Je n'en dirai pas plus. Le reste, c'est entre nous. 

    Tu aimais ce morceau de Basie. C'était je crois le générique d'une émission de jazz. 


     

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