Quelle semaine! Entre la Tunisie qui révolutionne, l'Egypte qui explose, les dominos qui tombent. Ca ventile, ça disperse façon puzzle. Waouh! Ca s'indigne, comme dirait Stéphane Hessel.
Et pendant ce temps-là, notre héros tenait conférence à Casablanca, dans le cadre du salon Dom & Event. Un grand merci aux organisateurs pour leur invitation. Une belle tribune, de belles découvertes.
Et un constat: l'utilisation des médias sociaux est un vrai phénomène international. Les marques, les entreprises s'interrogent partout sur la nécessité d'utiliser les médias sociaux comme mode d'interaction avec leurs communautés. Tout le monde est conscient des enjeux. Les questions de la salle sont pertinentes, les jeunes entrepreneurs, les étudiants en marketing rencontrés sont des passionnés. Les obstacles rencontrés par les promoteurs de l'utilisation des réseaux sociaux sont les mêmes qu'en France: mêmes fantasmes, mêmes méconnaissance des arcanes du web 2.0, même peur de la perte de contrôle de l'information...
Weekend à écouter en boucle Anna Calvi. Envoutant.
Incursion cinématographique: Incendies, de Denis Villeneuve. Film canadien, destin de femme, sur fond de guerre du Liban. Un peu glauque et pourtant très fort. Un film sur l'identité, sur la recherche des racines, sur la douleurs de la découverte de ces mêmes racines, dans un contexte politico-religieux troublé. A voir, pour le choc et la puissance du récit (non dénué de maladresses). Pas un divertissement léger...
Projets éditoriaux... hé, hé... Mr Dubuc n'a pas dit son dernier mot.
Ce soir, rencontre avec Louis Bertignac...
Bonne semaine!
Enjoy!
Commençons par Louis-Ferdinand Céline. Est-il possible de lâcher la grappe au Docteur Destouches? Ecriture puissante, révolutionnaire, le roi du ... et du !, plombé par ses mauvais choix politiques et son anti-sémitisme radical. Le Voyage au Bout de la Nuit, quel texte! J'ai moins aimé les autres. D'un chateau, L'autre, Mort à Crédit. De là à en faire une affaire d'état... Ce qui m'a surpris sans me surprendre d'ailleurs, est que les textes de ses fameux pamphlets interdits, L'Ecole des Cadavres et Bagatelle pour un Massacre sont trouvables sans aucune difficulté sur le web. Cela a probablement une vertu pédagogique, à l'heure où on ne doit plus se contenter de la doxa officielle. Vérifier par soi même, plutôt qu'accepter une vérité officielle. Une ambiguïté aussi. Que faire de ces textes et de leur nauséabond contenu? Mais c'est aussi cela la force d'Internet. Qui gêne les pouvoirs. Le fait qu'on ne peut plus rien cacher sous le tapis en espérant que personne n'en saura rien. L'effet Wikileaks.
Passons à Pasolini et Berlusconi. Il y a un lien entre les deux. Qu'à ce jour personne n'a souligné, et pourtant l'évidence saute aux yeux. Salo ou les 120 jours de Sodome est à ce jour la pire expérience cinématographique que j'ai vécu. J'avais 22 ans. Je l'ai pris en pleine face. Film crade, sale, obscène. Certains critiques le décrivaient comme une parabole politique. Qui aurait valu à Pasolini la rancoeur de la classe politique italienne. Pensez, des notables fascistes italiens se réfugient dans la République de Salo, dernier bastion du régime mussolinien sous protection de troupes SS. Ils enlèvent des jeunes gens, filles et garçons, et les soumettent à leurs désirs et fantasmes les plus obscènes. Qu'est-ce qui est reproché à Berlusconi actuellement? Frasques sexuelles avec des mineurs. La Berlusconie est attaquée de partout, l'empire s'écroule. Le parallèle est étonnant.
A part ça, visionnage de Gonzo, le documentaire consacré à un géant de la littérature et du journalisme américain, Hunter S. Thompson. Le gonzo journalisme, ou journalisme subjectif. Du terrain, beaucoup de terrain, et une approche distancée du sujet au travers des yeux du journaliste, qui ne s'efface jamais du premier plan. Chez Thompson, de la dope, de l'alcool, des excès, des flingues. Un personnage fascinant, dont deux des textes sont au sommet de mon Panthéon personnel: Las Vegas Parano et Hell's Angels. La subjectivité, une belle source d'inspiration pour les blogueurs.
Pour finir sur une note légère, mentionnons une soirée de télévision passée devant les NRJ Music Awards, à l'instigation de mes enfants. No comment. La seule présence de Jenyfer, Nikos Aliagas et Line Renaud sur un même plateau suffit à me conforter dans l'idée qu'NRJ est une hybridation terrifiante où le mauvais goût, le kitsch involontaire et la culture de masse se mêlent en un cocktail bizarre. Le tout diffusé sur TF1. La boucle est bouclée. Christophe Mae semble vendre des disques, soit. Mylène Farmer est l'objet d'un culte effreiné, soit. Shakira a un déhanchement d'enfer, soit. En revanche, Stromae c'est plutôt bien. Et encore ne jugé-je que sur un seul morceau, dont quelques notes dissonantes créent la surprise dans un océan de soupe R'n'B prédigérée...
Et il fut séduisant, enrichissant, stimulant, inégal, mais rafraîchissant. Car il est bon de s'oxygéner l'esprit de temps à autre. Pas forcément en s'abrutissant, ou en faisant le vide absolu. Parfois, en se confrontant à l'immensément grand - interventions à propos du Big Bang, de la 4ème dimension - et à l'immensément petit, des concepts simples comme la beauté, les sens, la générosité. Entendre une experte de la chirurgie cardiaque parler d'artisanat, de couture et de plomberie pour décrire son quotidien. Sauver des vies, rendre le monde meilleur. La force de TEDx a été de rendre accessible des grands concepts. C'est la force des Grandes et Belles Personnes de partager leur savoir en des mots simples, en faisant le pari de l'intelligence. Note de synthèse à venir, résumé du TEDx 2010 en quelques verbatims.
A part ça, un despote, semble-t-il peu éclairé, qui s'enfuit avant que son peuple ne le mette en pièce façon Ceaucescu. Toujours une bonne nouvelle, n'en déplaise aux laudateurs de la théorie des dominos qui a prévalu pendant des années, au siècle dernier. Quelques dictateurs sud-américains ont tenu bon, au prix de remplissage de stades, liquidation et torture d'opposants. Et un jour, lâchage général, colère de la rue, renversement. Ca rappelle quelques lignes écrites par The Clash, à propos de répression:

