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Quel est le con qui a créé La Défense? (Concrete Jungle)
Non mais, je rêve! Se lever aux aurores. Enfourcher son fier destrier. Avant le café du matin. Filer à La Défense, bravant les éléments. En évitant le périphérique à cause desdits éléments. Parce qu'on transporte sa fille N°1. Bref, trempage, lavage, et rinçage en même temps. On arrive à la Défense et l'on constate qu'on comprend pourquoi ni Mappy ni Google Maps ne s'accordent sur la façon d'accéder à la destination finale. Que l'option Batmobile volante ou hélicoptère serait plus simple que le scooter. Qu'il n'y a pas un nom de rue, et plein de sens interdits. Que quand on dépasse malencontreusement un point de repère, il faut faire le grand tour via le Boulevard Circulaire pour revenir grosso-modo à son point de départ. Que des abrutis en Clio, gavés de Rires & Chanson, roulent à fond dans des flaques profondes, provoquant des gerbes d'eaux assassines. Qu'on finit par se jeter dans le parking le plus proche et qu'on finit à pied. Qu'un univers de béton tout en angles et verticalité, au petit matin humide, ça plombe le mental. Qu'on se prend à se demander s'il y a beaucoup de suicides dans le coin. Car la mauvaise humeur d'un sous-chefaillon additionné au paysage urbain doit avoir un impact dévastateur sur le salarié... Mais je m'égare. Donc La Défense, destination matutinale qui ne fait pas rêver.
Enjoy!
Pour s'en remettre... Booooooob Marley! Concrete Jungle!
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Des hommes, des dieux, des cathos, du cinéma et moi, et moi...
Je suis catholique. Pas le modèle caricaturé, la raie sur le côté, le missel dans la main droite, le pli du pantalon bien cassé sur des mocassins à pompons impeccablement lustrés. Blazer bleu marine. La 806 cathomobile sagement garée à quelques encablures de l'église, la famille parfaite en culottes courtes de flanelle grise, cardigans bleu marine et robes à smocks, bien alignée sur les chaises paillées inconfortables. Sans oublier l'épouse toute en abnégation, serre-tête en velours bleu, carré Hermes et kilt écossais. Le modèle messe de 11h30 à Versailles. Je suis catholique un peu protestant. Le côté anarchiste qui traverse dans les clous. Catho qui doute, s'interroge. Pas tant que ça non plus. Catho parfois flemmard.
J'ai vu le film de Xavier Beauvois, un dimanche comme il se doit. J'aime le cinéma le dimanche après-midi. J'avais eu ma dose de films de baston, gavés d'effets pyrotechniques.
Des Hommes et des Dieux n'est pas qu'un film du dimanche ni un film austère. C'est un film où l'on sourit. Où l'on partage la vie quotidienne de ces moines exilés volontaires au coeur de l'Algérie. En territoire musulman. Pas en territoire hostile, tant le monastère et ses 7 occupants est intégré à l'éco-système local. Des hommes en recherche spirituelle. Pas des ermites. Des hommes simples, des intellectuels, des manuels. Des hommes qui un jour ont entendu un appel et on fait un choix. Choisir c'est renoncer. Il sont renoncé à une vie pour en choisir une autre. Au service des leur frères. S'accomplir, accomplir quelque chose de grand en passant par les petites tâches de la vie quotidienne. L'écoute de l'autre. L'aide, la charité, la solidarité. Le soin. Faire beaucoup avec peu. Y croire. Douter. Car ces hommes sont de chair et de sang, et quand la mort viendra rôder, ils ne seront que des hommes en proie aux angoisses de la vie d'homme. La mort, le martyre. Certes on y pense. Mais quand la menace, réelle, est là, Dieu est-il là? Ces questions parcourent un film profondément humain. Un film indispensable qui sort au bon moment.
Le film cartonne en salle. Tant mieux. Un film sans esbroufe, malgré son prix à Cannes. Un film offrant de beaux moments de silence. Un silence où chacun peut faire son introspection. Se laisser prendre par l'atmosphère si particulière de la Trappe. Par les chants. 7 voix à l'unisson. C'est beau. Seul bémol, une des dernières scènes du film, calquée sur la Cène, dernier repas, avec gros plans appuyés sur les regards chargés d'émotion passant du sourire aux larmes. Sur fond sonore de Lac des Cygnes. Une presque faute de goût du réalisateur. Trop de pathos. Trop d'envie de tirer les larmes aux spectateurs. On sait que la fin est proche. A ce titre, cette dernière image des moines et de leurs geôliers armés s'enfonçant dans la brume est magnifique. On connait la suite.
Est-ce un film catholique? Un film chrétien? Beauvois ne prend pas position. Ne cherche pas de coupables. N'oppose pas les communautés. Si le seul message du film était que le dialogue inter-religieux est possible sans guerres de part de marché, ce sera déjà ça.
Enjoy!
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Bloc-note express N°140
Lundi c'est ravioli. Pour varier, je suggère des tagliatelles (idéalement noires, à l'encre de sèche, pour l'effet esthétique). A déposer chaudes sur un lit d'huile d'olive, grains de sésame, tomates séchées, zeste de citron rapé et ciboulette. Mélanger le tout. Ajouter quelques tranches de bresaola.
La semaine dernière c'était Brett Easton Ellis. Icône des gens de goût, des bobos qui lisent les Inrocks. A dire vrai, j'avais lu American Psycho, le pendant trashissime du Bûcher des Vanités, et n'avait pas été emballé par les exploits de Patrick Bateman. Et j'avais enterré Brett Easton Ellis. Pour le trash et la description des racines du mal de l'Amérique, j'avais dévoré Ellroy. Lequel ne se limitait pas aux années 80, mais remontait le temps, jusqu'aux années 40. Ellis est de nouveau dans l'actualité. J'ai dévoré Moins que Zéro. Un roman court. Moins de 300 pages. Intenses. Pas de chichis, de figures de style, de tics. Ecriture à l'os. Clay est un vieil ado ou un jeune adulte, c'est selon. Friqué. Camé. Qui zone à Hollywood avec ses copains camés, friqués. Baise, vomi, sniffs et shoots. Sur fond de X, Go-Go's, Psychedelic Furs. Absurde, désespéré. No Future sur matelas de dollars. Ce qui permet de remettre en perspective American Psycho. Patrick Bateman, trader new yorkais le jours, serial killer la nuit, n'est que ce que deviendront les héros de Moins que zéro s'ils ne meurent pas d'OD.
Il parait que le nouveau livre de Brett Easton Ellis, Imperial Bedrooms, est la suite de Moins que Zéro. Ma curiosité est en éveil...
La semaine dernière il y a eu Londres. C'est chouette Londres quand il fait un temps de fin d'été. Parcourir les allées d'un salon qu'il soit de l'agriculture, du livre ou des nouvelles techno, reste toujours une épreuve, même pas initiatique. Un salon c'est de la marche à pieds, un bruit de fond permanent, des hôtesses sur talons de 12 cm. Ad:tech, cette année était très orienté sur la performance et les metrics. Pas grand chose sur les réseaux sociaux. Belle soirée du côté de High Kensington Street dans un lieu appartenant à Sir Richard Branson. Chic et de bon goût.
Vendredi dernier, leçon inaugurale devant un parterre d'une trentaine d'étudiants en école de commerce. A propos de com et de numérique. Tous utilisateurs de Facebook. Pas utilisateurs de Twitter. Y'a-t-il des blogueurs dans la salle? Nous le saurons dans les 10 épisodes qui vont suivre! Bon, encore quelques dizaines de slides à produire!
Un film à voir actuellement: Simon Werner a disparu. Je l'ai vu en avant-première il y a plusieurs mois. Et j'avais été séduit par la forme et l'atmosphère de cette première réalisation de Fabrice Gobert. Un film choral, façon Rashomon. Histoire racontée de quatre points de vue différents. La vie de jeunes lycéens de terminale dans une banlieue sans histoires de l'ouest parisien. Simon Werner disparaît. Nous sommes en 1992. Il n'y a pas d'Internet, pas de portables. Il y a la télé. Les parents. La maison. Le lycée. Les potes. Les fêtes. Les petits mystères d'un monde quotidien et familier. Les acteurs jouent juste. Mention spéciale à Ana Girardot et ses jambes interminables.
Bande-son de la semaine: à découvrir sporadiquement sur Blip.fm.
Enjoy!