Ce weekend j'ai relu avec délice un livre que j'avais lu pour la première fois lorsque j'étais en 6ème (soit avant hier...): L'Île Mystérieuse. A l'époque je l'avais lu, non dans la banale Bibliothèque Verte, mais dans une édition originale de la maison Hetzel. Grand format, papier jauni, gravures. Je l'ai relu, un peu par hasard après l'avoir téléchargé sur mon iPad. Un de ces livres gratuits apparemment libres de droits. J'ai commencé par relire quelques lignes, puis me suis pris au jeu et n'ai pas décroché. Etonnamment.
Le style est parfois un peu ampoulé, mais le suspense est prenant. Jules Verne au 21ème siècle serait geek. On sent tout au long du livre une passion et une confiance absolue en la science et ses vertus salvatrices. Le héros, Cyrus Smith est un ingénieur de la trempe d'un McGyver qui aurait été croisé avec Albert Einstein... Qui maîtrise la chimie, la géologie, la physique, la métallurgie, la vulcanologie, la météo, la construction navale... Donc j'ajoute à McGyver et Einstein, Stephen Hawking, Hubert Reeves, Marie Curie, Michel Chevalet, Claude Allègre, Igor et Grichka Bogdanov, et Laurent Cabrol... Du lourd. Du puissant. Chef d'équipe, qui plus est, vulgarisateur jamais péteux, genre Michel Serre + Pierre-Gilles de Gennes + Georges Charpak. Un honnête homme. Accompagné d'un journaliste, d'un gamin féru de sciences naturelles, d'un marin. Et d'un serviteur dévoué, Nab. Houla! Les biens-pensants droitsdel'hommistes défenseurs fervents du politiquement correct objecteront que la description du serviteur nègre est raciste et colonialiste... Bon, L'Ile Mystérieuse a été écrite en 1875. Et se passe pendant la Guerre de Sécession. Nos héros s'échappent en ballon des geôles sudistes et atterrissent à l'insu de leur plein gré sur une île déserte. Le pitch est clair. Les héros sont des Nordistes. Donc des gentils. Nab est dévoué à son maitre, comme Conseil l'est au Professeur Arronax (cf. 20 000 Lieues sous les Mers, du même auteur est-il besoin de le préciser... Cela dit, en ces temps culturellement troublés et me trouvant à proximité d'une librairie Zadig & Voltaire, je pense que la précision fait sens...). Donc Cyrus Smith n'est pas plus condescendant à l'égard de son employé de maison afro-américain que ne l'est Arronax à l'égard de son factotum caucasien.
Fait intéressant, L'Île Mystérieuse est un roman de mecs. On vit ensemble, on meurt ensemble. On fait tout ensemble. Genre équipe de foot à Clairefontaine. La femme n'est pas évoquée à un seul instant. Harbert, le gamin érudit, survit aux affres de l'adolescence en s'intéressant à la nature sauvage. Mais personne n'y fornique à tout va. De risque d'obscures pensées,
point. Point de Petit Navire et de sort qui tomba sur le plus jeune... Bref, Harbert passe 4 ans au milieu d'adultes raisonnables qui ne pensent qu'à l'amélioration des conditions de vie sur leur île. Le Dharma Project ne se manifeste pas et les survivants du vol d'Oceanic Airlines se sont crashés ailleurs. On n'est pas non plus chez Koh Lanta. Valeurs positives, survie, développement durable. L'ingénieur évoque même la fin de la civilisation du charbon, le moment où la ressource viendra à manquer... Yes! Jules Verne est un visionnaire (dit sans aucune ironie, ni sous entendu caustique).
Jules Verne invente même le cross-over, si cher aux scénaristes des séries télé hollywoodiennes. Car dans L'Île Mystérieuse (attention spoiler!) on retrouve le Capitaine Nemo (20 000 Lieues sous les Mers), le Capitaine Grant (Les Enfants du Capitaine Grant)...
Jules Verne balance la sauce côté grand spectacle et pyrotechnie façon blockbuster, attaque de pirates, bombardements à l'arme lourde, flingages et guerilla, et explosion de volcan finale comme dans un film de Roland Emmerich. Du lourd, vous dis-je. Un grand moment de cinéma.
A relire donc, si vous doutez de ma lucidité!
Enjoy!
Envoyé de mon iPad
LE VOLUME SUR 11 - Page 159
-
Jules Verne, le geek du 19ème siècle
-
Bloc-note Express N°168
Le soleil est au zénith. Je ressuscite. C'est beau comme quelques mots de Gainsbourg. Et c'est de circonstance - au cas où certains n'auraient pas suivi... Pâques, toussa, toussa, j'vous la fais courte...
Donc soleil, post-gigot dominical, post-chasse aux z'oeufs, en pleine OD de chocolat Kinder (Shockobons: +, Kinder Country: ++, Kinder Bueno: bof, Kinder Surprise: mouais) et autres (cloches Lindt: +, Tobler'One: ++, M&Ms: +)...
Donc soleil + mer, car il faut parfois se résigner à l'application de la double peine.
Embouteillages probables sur la route du retour. Embouteillages pendant lesquels nous aurons le loisir de reprendre le cours de l'actualité, Syrie, Libye, Sarkozie, ligue 1 de balle au pied, etc. Joie!
Demain Paris.
Bande-son de la semaine: Bat for Lashes, toujours Fleet Foxes, Faith No More.
Enjoy!
Envoyé de mon iPhone -
Weekend...
Loin de Paris. Avec quelques livres, un iPad, des docksides. Les wayfarer vissées sur le nez pour le soleil et l'anonymat... En tête, quelques miscellanées à écrire.
Dans mon iPod ce weekend, le nouvel album des Fleet Foxes, la compilation New Wave-Post Punk de Gareth Murphy (8 pages sur le sujet dans le Rock & Folk du mois), les albums de Maxence Cyrin (thx Patrick D pour la découverte). Pas de post avant mardi. Un bloc-note express peut-être. On ne résiste pas à l'appel de l'Ouest. Rien que pour la sensation du sable sous les pieds nus.
Enjoy!
Envoyé de mon iPhone (dans un bateau se trainant à 8 noeuds)
-
All that I love: punk, Pologne et Solidarnosc
Un film polonais étonnant, "All that I love" de Jacek Borcuch. 1981, montée en puissance du syndicat libre Solidanosc à Gdansk, pui dans toute la Pologne. Un contre-pouvoir se met en place, clivant la société. Les jeunes choisissent le punk rock pour exprimer leur rage contre un système bloqué. 13 décembre 1981, le Général Jaruzelski prend le pouvoir, donnant des gages à Moscou. Raidissement du régime. Suspiscion.
Un film plus léger que La Vie des Autres, vu du point de vue d'une jeunesse ayant trouvé dans le No Future des punks un cri de ralliement. Avec les moyens du bord. Non sans efficacité. Un film sur l'adolescence derrière le Rideau de Fer, sur les émois amoureux, un film politique, pas un film punk. Le punk n'est que le symbole de l'expression de la jeunesse contre l'absence de liberté. Un film à voir parce qu'il nous replonge avec une certaine tendresse mêlée à de la gravité dans une époque oublié, un monde simple partagé entre Est et Ouest.
"All that I love", un film qui sur la même thématique que les films de Wajda (L'Homme de Fer, L'Homme de Marbre) avec 30 ans de recul. Un regard un peu plus distancié, moins d'urgence. Un teen movie à propos d'une période révolue. Une époque où l'on croyait encore que la musique pouvait changer le monde.
Enjoy!