Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Festivals d'été

Les Queens of the Stone Age en fond sonore, suffisamment fort. Car comme disait ce vieux Lemmy, If it's too loud, you're too old. En position pas du lotus, mais pas loin, genre, je me prépare psychologiquement à la deuxième journée de Rock en Seine, un rendez-vous annuel depuis presque dix ans. Le moment qui permet de clôturer l'été et de s'engager tranquillement dans les jours qui raccourcissent, le ciel qui se pose tel un couvercle, la flotte, l'automne, l'hiver et tout le toutim... Villains, un nouvel album des QOTSA, de fort bon aloi. 

Et Josh Homme n'est même pas à Rock en Seine cette année! Damn'it. On s'était habitué à l'y voir quasiment tous les ans. 

Mais y'avait quoi cette année?

Faisons un flashback. Car avant Rock en Seine, il y a eu la Route du Rock. Une semaine d'écart entre les deux festivals cette année. Il faut tenir! Deux fois trois jours, en alignant les bières, les galettes-saucisses ou les frites-kebab. C'est un sacerdoce le rock'n'roll!! Les pieds dans les Converse, le bermuda avec les poches suffisamment larges pour contenir le gobelet, le larfeuille, le portable, la cape Arte (vestige d'un festival breton) en cas de pluie, la casquette NY Yankees en cas de soleil, les Wayfarer noires par tous les temps, les bouchons d'oreille (au cas où Zaz, Vianney et Christophe Maé viendraient faire un featuring)... Ca ne s'improvise pas un festival. 

A Saint Malo, on prévoit les bottes... Bon, depuis deux ans, RAS, terrain sec, temps sec. A Saint Cloud, on espère éviter les bottes. 

Deux semaines d'écart entre deux festivals, et des redites. Parfois heureuses, parfois non. Jesus and Mary Chain, les deux frangins Reid, ont l'air de s'entendre. Le public (enfin, ceux qui ont eu 15 ans dans les 80s) trépigne en attendant d'entendre le break d'intro de batterie de Just Like Honey... pour bramer I'll be your plastic toy... Bref, un titre qui me replonge immédiatement dans Lost in Translation (générique de fin). C'est fort. C'est un peu vain. En termes de gros son, il y a eu Psychocandy. Etpicétou. Merci Jesus and Mary Chain. J'ai donc entendu 2 semaines consécutives Just Like Honey. Petite satisfaction.

Que dire des Black Lips. A la Route du rock, son étrange, l'ingé ayant dû être coincé aux toilettes pendant la balance par une gastro fulgurante ou pris en otage par Daech... et tellement traumatisé par l'expérience qu'il en aurait oublié qu'il avait un concert à sonoriser. Inaudible, bizarre. Je gardais le souvenir ému d'un concert à la Cigale, dans le boxon le plus absolu, avec envahissement de la scène, videurs aux abois... Ici, on ne monte pas sur scène. Pas plus à St Malo qu'à St Cloud. Le son à Rock en Seine est correct. Le problème doit venir du répertoire... Enfin, comme d'hab', à chacun son sale goût. Mais les p'tits gars des Black Lips s'évertuent à faire du bruit. Effort louable. Mais vain. IMHO.

Ty Segall, vu plusieurs fois au sein de Fuzz, repointe son nez cette année. Loupé à St Malo, vu à St Cloud. Le fan de rock lourd très typé 70s jubile. C'est noisy, ça débouche l'esgourde, ça chatouille la tripaille. C'est gentiment brouillon mais Ty Segal est un gars sympathique. Ca passe. Fuzz, Ty Segall, à un ou deux musiciens près, on s'y tromperait presque. Faut-il pour autant hurler au génie? Voir dans le gars l'avenir du rock'n'roll? Faut pas déconner  non plus. Honnête artisan, mec sérieux, il assure. Que demande le peuple gorgé de bière? 

Sans entrer dans des subtilités de chronologie, la flemme aidant, la mémoire étant encore vaguemetn fraîche, parlons de PJ Harvey, que je voyais sur scène pour la toute première fois (toute toute première fois, et caetera...). J'aurais pu me réveiller plus tôt objecterez-vous avec raison. Certes. Mais l'esprit varie, l'appétence pour tel ou tel son aussi. Je la trouvais abrasive, un peu trop à ses débuts, où Dry était encensé par la critique. Elle est plus pop, elle s'adoucit et embellit avec les années. Un concert de Polly Jean H, c'est comme une messe. Entrée des artistes, en mode fanfare (les aubes en moins, les tambours et saxo en plus). Début, milieu et fin, avec sortie toujours en fanfare, en rang, ite misa est. Mick Harvey et John Parrish en costard. On ne rigole ni avec le dress code ni avec la fashion police. Je m'interrogeais en mon for intérieur. Apprécierai-je autant la seconde fois? A la St Malo, je fus séduit. Qu'en serait-il à la St Cloud? Ne sombrerai-je pas dans un ennui cotonneux? Certaines expériences mystique ne devraient-elles pas être vécues de façon unique afin de leur part de mystère ne point être délestées? Pendant que je soliloquais, de jeunes donzelles faisaient le point sur leur life de parisiennes, le verbe haut, la Stan Smith immaculée malgré la boue. Je m'interrogeais une fois de plus sur la nécessité qu'à le genre humain à aller au concert pour bavarder en tentant de couvrir les 105 décibels légaux. Va comprendre... To Bring You My Love me fit dresser le système pileux sur tout mon être. Polly parla un peu à St Cloud (Meurci beaucu), ne lâcha aucun mot à St Malo. 

A la route du Rock il y eut Interpol. Venu pour interpréter - en mode oeuvre de répertoire - Turn on the bright light dans son intégralité. On ne rigole pas chez Interpol, on est sérieux, sanglé dans son costard. L'esprit post-punk chevillé au corps. Beau, puissant, glacial, martial, quelques incandescences à la Joy Division ça et là, les Yankees ont bien digéré leur new wave britannique. C'est léché, c'est impeccable. Pas un cheveu ne bouge. Et nous sommes là, tétanisés, la bière à la main. Un coup à se réveiller avec l'envie de réécouter Interpol, que personnellement, j'avais un peu relégué dans les tréfonds de la mémoire de mon cloud. Mais c'est beau, même dans sa monotonie. 

Aux antipodes de la monotonie, Franz Ferdinand, une semaine plus tard à Rock en Seine. Autant les Arctic Monkeys me font me décrocher la mâchoire d'un bâillement titanesque, autant il y a chez Alex Kapranos et ses collègues une énergie monstrueusement communicative. Passons sur l'expérimentation capillaire d'Alex qui en fait un compromis étrange entre Roy Batty, le répliquant et Julian Assange le leaker peroxydé. Quelques mots en français, des tubes, un groove de la mort, un sont incisif et un final sur Take Me Out dantesque. 

Que dire de Mac DeMarco, encensé par la critique? Je l'avais déjà vu à la Route du Rock, il y a deux ou trois ans, j'avais aimé son côté slacker, l'attitude cool, le mec qui fume sa clope, se fait porter par le public, demande en se marrant qui lui a touché la bite... Bref, la coolitude. Route du Rock 2017, Mac DeMarco a un peu grossi, est toujours aussi branleur, boit un coup, plusieurs, allume des clopes, discute avec ses potes qui boivent des coups au bord de la scène. L'attitude je-m'en-foutiste totale, avec, grosse faiblesse des chansons molles, au paroles peut-être signifiantes et fortes, mais quelques notes de synthé et trois accords de guitares désaccordées ne font pas un grand concert. Du coup, icelui étant programmé à Rock en Seine, je prends le parti de le zapper. 

A chaque festival son moment punk, j'ai loupé celui de Rock en Seine, Frank Carter and the Rattlesnakes (les gars de la prog, les vieux punks bossent le vendredi à 15h30! halte au jeunisme!). Quel dommage, manquer un circle pit, un truc qui met en condition immédiatement, la vibe qui va bien, le petit pogo des familles qui met en jambes. Côté punk, rien à dire sur le set de Idles à la Route du Rock. Abrasif, décapant, puissant, une basse monstrueuse frôlant parfois l'electro. Adhésion immédiate, ça déchire, ça lamine, ça tue. Punk not dead, qui plus est dans un style qui ne se contente pas d'aligner les 3 accords réglementaires en mode bubblegum californien. Le punk méchant et vindicatif sans crêtes.

Côtés gros kifs, Band of Horses à Rock en Seine. Découverts ici-même il y a... des années (2010, en consultant les archives de ce blog). Appréciés sur album. Belles harmonies, bonnes mélodies, du classic rock américain. En 2017, le plaisir est intact supérieur même à la première rencontre avec le groupe que j'avais évalué comme "musique à écouter chez soi" ou un truc dans le genre. Le son est plus dur, plus rock. On en redemanderait. on aurait envie d'aller quelque part dans les grands espaces de l'Amérique mythique. Donc Band of Horses. Avec dans le public, un mec déguisé en cheval. Quoi de plus normal, hein?

D'un point de vue alimentaire, un festival est une catastrophe gastronomique... Enfin, je m'entends, tout est relatif. Disons que la combinaison bière+bière+bière+bière+burger/tartine au fromage fondu/galette saucisse+bière+bière+bière ad lib. peut s'avérer complexe à gérer pour les organismes fragiles. Question de pratique. On paie son coup à coup de cashless ou d'apps ad hoc. C'est merveilleux, c'est come les colliers-bars du Club Med du siècle dernier (je vous parleuh d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaîtreuh...). Pas d'argent, visible, l'utopie absolue. Qui ne sent même plus la drogue. Un monde propre où chacun peut même montrer son petit tatouage - le truc de marlou/yakuza devenu sacrément mainstream. Seules les files d'attentes aux toilettes et émanations sui generis nous rappellent que nous sommes dans le monde réel et pas celui des cyborgs.

Mais reparlons musique, après cette digression. 

Dans un festival, il y a de l'electro. Aussi. Et de plus en plus. Plutôt tard le soir. L'amateur d'electro peut écouter Soulwax à 2h45 du mat'. Un moment de faiblesse je dois avouer. Pourtant j'aime Soulwax, vus l'année dernière à Rock en Seine. Electro martiale, dévastatrice, allant au-delà du simple matraquage de beats portées par des basses qui vous enrobent, vous écrasent, vous chatouillent la tripaille. Donc, oui, aveu, Soulwax à la Route du Rock, j'ai zappé. Couette : 1 / Soulwax : 0. Regrets presque éternels.

En vrac, Rone et Fakear à Rock en Seine, grands moments. Sleaford Mods, grand moment aussi, toujours aussi plaisant de voir un groupe dont l'un des membres ne sert presque à rien, sinon à gigoter sur scène en buvant des bières (surtout) et en appuyant sur la barre d'espace du Mac pour envoyer les boucles. Grosses pensées pour Bez des Happy Mondays et ses maracas.

Bonne entrée en matière dominicale avec Deluxe. Comment décrire Deluxe, une version kitsch de La Femme, toute en dorures et moustaches, avec une maîtrise absolue de la scène, un second degré absolu et une bonne humeur follement communicative. Impossible de dire ce que ça peut donner sur album, car jamais écouté à ce jour, mais en live, c'est un moment de défoulement délicieux dont on sort avec la banane.

Mais côté défoulement, en mode TRES TRES gros défoulement, je décerne un prix spécial du jury à Denzel Curry, qui me vit me lancer dans moshpit moite, partir dans un pogo déchaîné, et ressortir de la cohue, concassé, courbatu et ruisselant. Pogo et hip hop sont donc compatibles. Hey ho, let's go, bro, jump, jump! Palme d'or décernée à Cypress Hill, déjà vus ici-même à Rock en Seine (en 2010, comme Band of Horses...), déjà appréciés pour leurs looks de tueurs et leur décontraction californienne. Sen Dog et B-Real, en grande forme, le tarpé géant avec le mic, pour un show totalement old school mais parfaitement réjouissant. Dont je suis sorti pratiquement aphone, après avoir successivement insulté avec mes camarades du côté gauche de la scène, les camarades du côté droit, dans une battle de fuck you parfaitement orchestrée, après avoir braillé "Here is something you can't understand, How I could just kill a man", le mouvement du bras suivant la scansion... Bref, moment épique. 

Peut-on parler de Rock en Seine 2107 sans parler de Her? Duo talentueux, vu au Festival des Inrocks l'automne dernier. Séduisant. Et tragique. Simon, moitié du duo, cancer, 27 ans, 13 août. La sale nouvelle. Victor donne un beau concert. Voix soul, puissante, pour show tout en finesse, qui touche à l'absolu (oui, carrément) avec une cover d'un morceau de Sam Cooke, repris entre autres par Otis Redding, A change is gonna come. Casse gueule absolu. Et réussite totale. (A change is gonna come est un de ces titre qui me fait perdre toute rationnalité... je brame lamentablement I was booooooooooooorn by the river in a little tent, etc. Je réécoute Sam Cooke en mode liquéfaction, bref... Mais revenons à Her). Hommage à Simon. Que va devenir Her? A suivre.

La nuit est tombée sur le parc de St Cloud. Quelques notes de The XX, rien à dire, c'est beau, c'est minimaliste. Romy Madley Croft me conforte dans l'idée que le rock au féminin est la plus belle chose qui soit arrivée dans ce monde. Les images défilent, des Runaways à Chrissie Hynde, tant de tout ce qu'il faut pour affoler les garçons... D'ailleurs, j'en oubliais presque de parler du concert de The Kills. Alisoooooooooooooooon! J'en viendrais presque à chanter du Costello, avec la voix voilée. Car Alison Mosshart, 50% des Kills, la quintessence de la sensualité rock'n'roll... Un concert des Kills, c'est unique, c'est fort. Pas de Kate Moss à l'orizon, Jamie Hince la cache-t-il? Bon, mais Alison, quoi. Elle n'a pas chanté The Last Goodbye, j'en aurai eu les cheveux dressés sur le crâne. 

What else? Un DJ set de The Shoes, pour célébrer la nouvelle formule des Inrocks,. Le duo passe des disques, Orelsan vient poser son flow, le duo repasse des disques. Gros son, un peu de Katerine, on laisse vibrer son corps en clamant qu'on adore Louxor... Et je coupe le son. Et je remets le son, j'adooooooooooooooooore! Rock en Seine 2017 se termine.

J'ai oublié de parler de Temples à la Route du Rock. Le retour brillant du rock psyché, déjà vus en ce même lieu l y a deux ans, à l'occasion d'un premier album brillantissime permettant de croire à la résurrection de Syd Barrett. Vus plusieurs fois... Que dire d'un groupe qui en se coupant les cheveux délivre un set très rock, aussi excitant qu'on concert des Kooks? Piège du deuxième album? Formatage pop grand public. Pas follement excitant (pourtant, le concert récent de l'Elysée Montmartre n'avait pas laissé la même impression).

J'ai oublié d'évoquer At the Drive In, groupe que je n'ai pas écouté au moment où il fallait l'écouter. On ne peut pas être sur tous les fronts... C'est énergique. Les gros plans caméra sur le visage de Cedric Bixler Zavala ne laissent pas supposer une vie saine à base de fruits et légumes. 

Et un dernier mot de conclusion, pour parler du jolie set de la belle Clara Luciani, sur une toute petite scène couverte de Rock en Seine, blindée de monde. Clara Luciani, une future valeur sûre. Juste un EP au compteur pour le moment. A suivre de près!

Bilan, pas de perte d'audition, des courbatures, la voix croassante pendant 2 jours. Aligner deux festivals de 3 jours à une semaine d'intervalle, c'est pas l'IronMan, mais c'est physiquement exigeant. Retour à une alimentation à base de végétaux autres que l'orge et le houblon. 

Peace.

What's next? Le Hellfest en 2018? L'idée est séduisante. 

 

Catégories : Festivals, Musiques Lien permanent

Les commentaires sont fermés.