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Presse: nouvelles du front...

medium_feu.jpgSelon l'AMJ, tout va bien dans l'univers de la presse... Jamais il n'y a eu autant de lancements de titres à l'échelle mondiale... Aucune raison de s'alarmer... Montée en puissance et concurrence du numérique: et alors? Une assertion liée à un effet de mode plus qu'à une réalité tangible. Des journaux continuent à être lancés. Numériquement, la presse est puissante. La croissance de la diffusion provient du développement des gratuits. Et alors?
A propos des gratuits, on peut se demander si les pontes de l'Association Mondiale des Journaux ne confondent pas mise en distribution et diffusion, mais peu importe. Les changements d'habitude de consommation de média? Billevesées.
Cette vision de la puissance de la presse évoque les pires visions économiques façon Comité Central du Parti Communiste Soviétique... Bilan globalement positif. La Chine des années 50 a aussi pu se targuer un temps d'une production d'acier colossale. L'histoire a prouvé que multiplication des unités de production n'était pas un gage de qualité. Je vous laisse prendre connaissance de l'intégralité du communiqué de presse. Des stats, un zeste de déni du réel... Dormez tranquille bonnes gens.
Vue de l'intérieur, la presse quotidienne est pourtant loin d'être ce "long fleuve tranquille". Quant à s'extasier sur le développement des gratuits, certes, ils dynamisent le secteur entier, peuvent potentiellement donner le goût du papier à de nouveaux lecteurs. Mais qu'en est-il de leur économie? Leur multiplication les entraîne dans une guerre de positions acharnée sur le front publicitaire. Et leur présence bouleverse un paysage publicitaire dans lequel les titres existants, essentiellement les payants, doivent faire face à une concurrence élargie. Rien ne prouve que la multiplication des supports s'accompagne d'une augmentation des investissements publicitaires dans la presse. Car les annonceurs sont eux aussi confrontés à de nouvelles possibilités d'investissement: médias numériques, nouvelles chaînes de télévision, mobiles, etc...
Il y a le feu à la maison. L'AMJ s'autocongratule.
 
Texte intégral du communiqué de presse du 6 février 2007:
 
 
"La croissance des journaux défie les idées reçues :

 
- Diffusion globale des journaux en hausse de 9,95 depuis cinq ans et de 2,36 pour cent au cours des douze derniers mois

- Nombre de titres quotidiens supérieur à 10 000 pour la première fois dans l'histoire

- Plus de 450 millions d¹exemplaires vendus quotidiennement

- Plus de 1,4 milliard de lecteurs de journaux payants

- Diffusion totale des quotidiens gratuits qui a plus que doublé en cinq ans. Contrairement aux idées reçues, la diffusion des journaux est en hausse et de nouveaux titres sont lancés à un rythme remarquable, selon les nouvelles données mises à jour de l'Association Mondiale des Journaux. Même en Amérique du Nord et en Europe, où les suppositions négatives sur l'industrie ne manquent pas, tant la diffusion que le nombre de nouveaux titres ont augmenté, d'après les derniers chiffres. "Ce que nous constatons contredit complètement l'idée répandue selon laquelle les journaux sont voués à la disparition", a déclaré Timothy Balding, le CEO de l'AMJ. "Les journaux réussissent beaucoup mieux que ce que l'on croit généralement. En fait, les chiffres confirment que l'industrie est saine et vigoureuse et qu'elle relève avec succès la concurrence accrue des autres médias. La mode qui consiste à prédire le déclin des journaux devrait être dénoncée et prise pour ce qu'elle est : ni plus ni moins qu'une mode, basée sur des hypothèses générales qui sont démenties par les faits."

 

"Les nouveaux chiffres sont contenus dans une mise à jour du compendium statistique annuel de l'AMJ sur l'industrie de la presse, World Press Trends, qui vient d'être publié aujourd'hui. Ils montrent que :

- Au niveau mondial, la diffusion combinée des titres gratuits et payants a progressé de 9,95 pour cent en cinq ans, et de 2,36 pour cent sur un an,  en 2005, la période la plus récente pour laquelle on dispose de chiffres couvrant une année complète. L'Amérique du Nord a enregistré une hausse de sa diffusion de 0,70 pour cent en cinq ans, diffusion qui est restée pratiquement stable sur un an. L'Europe a vu une augmentation de sa diffusion de 2,12 pour cent sur cinq ans et de 4,18 pour cent en 2005.

- Le nombre total de quotidiens payants publiés dans le monde a franchi la barre des 10.000 pour la première fois dans l'histoire, avec 10.104 titres, soit 13 pour cent de plus qu'en 2001, où on comptait 8.930 quotidiens payants.

- La diffusion des quotidiens gratuits a plus que doublé entre 2001 et 2005, passant de 12 millions d'exemplaires en 2001 à 28 millions en 2005, une progression de 137 pour cent.

-  En Europe, la diffusion combinée des journaux payants et gratuits a augmenté de 14,24 sur la période de cinq ans concernée et 2005 et de 3,31 pour cent sur un an. Le  nombre de nouveaux titres a augmenté de 15,86 pour cent sur cinq ans, et est resté stable sur un an.

- En Amérique du Nord, la diffusion des journaux a augmenté de 0,7 pour cent en cinq ans, enregistrant une baisse marginale de 0,04 pour cent sur une période d'un an. Le nombre de titres a diminué de 0,84 pour cent sur cinq ans mais augmenté de 1,21 pour cent sur une période d'un an. "Ces chiffres montrent qu'il y a eu une révolution tranquille dans le nombre de lancements quotidiens. Cette croissance en plein essor des titres quotidiens dans le monde est largement passée inaperçue par les faiseurs de marché et les experts en médias obsédés par la révolution des médias numériques", a souligné M. Balding. "Pendant ce temps, la croissance des titres et des diffusions des journaux dans le monde réel s'est poursuivie inexorablement.


"Ces tendances indiquent par ailleurs l'innovation très épandue, mais souvent négligée, qui se produit dans l'industrie de la presse. Alors qu'une grande partie de l'attention s'est portée sur le développement numérique, le produit imprimé a changé également. Même dans les marchés les plus développés, on a constaté une prolifération de nouveaux types de journaux, ciblant de nouveaux segments d'audience et imaginant de nouveaux scénarios marketing et de distribution. Et le déferlement de nouveaux titres gratuits, lancés sur le marché des journaux payants, résulte du fait que de nombreux éditeurs repensent le  modèle de revenus des ventes au détail en place depuis plus de 400 ans." M. Balding a noté que les journaux représentaient une industrie qui pèse près de 180 milliards dans le monde, avec davantage de recettes publicitaires que la radio, l'affichage extérieur, le cinéma, les magazines et internet combinés. Plus de 6 milliards d'euros ont été investis dans les technologies de presse ces cinq dernières années, et l'industrie emploie pas loin de deux millions de personnes à travers le monde."

 

 

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Commentaires

  • Dans la "prolifération" des journaux sur le marché, il serait intéressant de se pencher sur les contenus : presse people, périodiques techniques en tous genres, nouvelles brèves, textes factuels synthétiques, presse à scandales, eau de rose, ...etc Mais le plus inquiétant constat est la régression continue de la presse d'investigation et d'analyse en France, ainsi que de la presse politique (exemple le plus fort : les difficultés de l'Humanité). Il n'y a pas de quoi se réjouir de la soi-disant bonne santé de la presse. Question : les Français lisent-ils la presse "de fond" ?

  • A contrario, La Croix est plutot en bonne santé.
    Le français lisent la presse de fond, mais sont peut être moins nombreux à le faire... Et l'offre est pléthorique, en particulier l'offre magazine...

  • La question que l'on peut se poser, donc : la prochaine fois que l'AMJ prendra la parole, pourra-t-on la croire ? Cela va être dur... C'est marrant parce que ce type de discours à ceux prononcés par les PDG qui cherchent à rassurer des investisseurs. L'AMJ cherche-t-elle à conserver ses fonds auprès des titres de presse qui la finance grandement ? En affirmant ce genre de conneries, c'est une vue à très court terme en tout cas... :)

    A propos de la presse de fonds / généraliste / d'informations : au même titre que sur le net ce sont les sites ultra spécialisés qui fonctionnent bien (j'entends par là "qui trouvent à peu près un équilibre économique"), dans la presse papier la tendance se dirige aussi vers cette spécialisation. A noter que la France a toujours été grande consommatrice de magazines spécialisés, et a été pendant longtemps le pays au plus grand nombre de titres de presse.

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