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Eté de festivals (épisode 2): Route du Rock 2018

route du rock,saint malo,phoenix,etienne daho,protomartyr,charlotte gainsbourg,serge gainsbourg,limiñanas,patti smith,them,anton newcombe,black angels,josh t pearson,laurent voulzy,ariel pink,shame,nils frahmQuelques semaines plus tard (cf. épisode précédent) on remet ça avec la Route du Rock, 5ème édition consécutive, on ne s’en lasse pas. Le Fort Saint-Père, le combo galette-saucisse, le cidre. Et la chenille que malgré mes efforts désespérés, je n’ai jamais faite, ayant toujours fini par décrocher au moment où l’electro prend le contrôle du site.

Premier soir, soleil, contrôles anti-drogue à l’entrée, la maréchaussée, dotée d’un chien-renifleur de weed, traque les stupéfiants dans la bonne humeur. Le temps de la pose du bracelet-sésame, de la vérification du Cashless et du contenu des sacs, arrivée devant la scène du Fort pour le concert des excellents Limiñanas. Ça envoie, Marie et Lionel en grande forme, 7 personnes sur scène, reprise musclée du G.L.O.R.I.A. de Them, et Anton Newcombe en cerise sur le gâteau. Rien à dire sur Grizzly Bear, pop plutôt ennuyeuse. Shame séduisants, c’est punk, c’est pêchu. Parfait accompagné d’une bière après une bonne dose de ribs/frites. La nuit tombe, le frais aussi.

route du rock,saint malo,phoenix,etienne daho,protomartyr,charlotte gainsbourg,serge gainsbourg,limiñanas,patti smith,them,anton newcombe,black angels,josh t pearson,laurent voulzy,ariel pink,shame,nils frahmArrive Daho. Daho, c’est comme un vieux pote. On le connaît presque par cœur. Sauf peut-être ses nouveaux titres, plus complexes. Plus sophistiqués. Comme à Rock en Seine il y a quelques années, il a musclé sa musique. Il est peu bavard. Sympathique, mais distant. Timidité ? Pour le spectateur, plaisir de danser - comme dans les soirées d’école de commerce d’il y a… quelques années - sur le Grand Sommeil, Épaule Tattoo, ou Tombé pour la France. Fin de Daho, The Black Angels attaquent. Moins psyché côté son, en revanche côté image, projections hypnotiques et bariolées. Il s’en faudrait de peu pour qu’ils basculent dans un gros rock stoner.

Fin des hostilités. On laisse un peu de côté The Brian Jonestown Massacre. C’est mal. Je sais. Mais la bonne idée de faire quelques kilomètres à vélo sous le cagnard dans l’après-midi laisse des séquelles physiques. Sans oublier le début d’après-midi sur la plage sous les remparts de Saint Malo à écouter quelques morceaux de Chevalrex. En plein soleil. Car nous sommes en Bretagne, et chaque minute sans pluie doit être appréciée avec volupté. [A ce moment, cette dernière phrase me vaut, normalement, un déversement de purin devant ma porte, des promesses de noyade dans la rade de Brest, un gavage forcé au kouign aman ou l’ingestion par les voies basses de kig ha farz par des Bretons vexés].

route du rock,saint malo,phoenix,etienne daho,protomartyr,charlotte gainsbourg,serge gainsbourg,limiñanas,patti smith,them,anton newcombe,black angels,josh t pearson,laurent voulzy,ariel pink,shame,nils frahmSamedi, Josh T. Pearson a troqué son Stetson contre une casquette de trucker, posée sur une coupe mulet du pire effet. Belle découverte musicale. Moins country, se risquant à quelques mots de français (zut, putain), bonne présence bonne entrée en matière pour cette seconde journée. Je n’en connaissais pas une note. Je vais réécouter attentivement. Vient l’heure du choix entre Jonathan Bree et les ribs/frites. Le food l’emporte par KO. On ne change pas une équipe qui gagne. Les ribs braisés comme il faut, bien tendres, c’est cosmique. Un peu d’élévation spirituo-gustative ne peut nuire d’autant plus que vient Patti Smith. Pas merci aux jeunes spectateurs qui ont continué leur conversation pendant ce moment mystique. Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. Quand on mesure 1m12 et qu’on ne tient pas l’alcool, on ne vient pas se mêler à la foule pour se plaindre en poussant des hauts cris pour signifier à son entourage - qui s’en fout - qu’on ne voit rien. Hey, Passepartout, il fallait rester à Fort Boyard on est samedi…

route du rock,saint malo,phoenix,etienne daho,protomartyr,charlotte gainsbourg,serge gainsbourg,limiñanas,patti smith,them,anton newcombe,black angels,josh t pearson,laurent voulzy,ariel pink,shame,nils frahmRevenons-en à Patti Smith. Qui attaque Ghostdance. Qui chante Dancing Barefoot, se rend compte qu’elle s’est trompée de tonalité, s’en excuse, se marre et reprend. 71 ans au compteur. Et toujours cette voix envoutante. La crinière en bataille, le geste mesuré. Patti, quoi. Qui chante Because the Night, dédiée à feu Fred Smith. Qui est accompagnée à la guitare par son fils. Quel kif de chanter Because the Night, en chœur, Patti laisse le public chanter à sa place son hymne. Bonheur. Étonnante reprise du Beds are Burning de Midnight Oil. Efficace, en tous cas. Jesus died for somebody’s sins but not mine, sur ces mots sarcastiques, elle entame le morceau de bravoure, la cover revisitée de Them. C’est marrant d’ailleurs, à l’instant même où j’écris ces lignes me reviennent en tête les paroles de Rockollection de Voulzy… Carrément appropriées :

"On a tous dans l’cœur des vacances à Saint-Malo 

Et des parents en maillot qui dansent chez Luis Mariano 

Au Camping des flots bleus, je me traîne des tonnes de cafard 

Si j'avais bossé un peu je me serais payé une guitare 

Et Saint-Malo dormait 

Et les radios chantaient 

Un truc qui m'colle encore au cœur et au corps 

Gloria, G.L.O.R.I.A. etc…"

Étonnant, non ?

Patti chante Presley. Can’t help falling in love with you. Séquence slow. Final sur hymne, People have the power. Le pouvoir au peuple, on file au bar pour fêter ça.

Un peu d’Ariel Pink pour digérer.

Puis Nils Frahm. C’est beau Nils Frahm. C’est comme du classique Nils Frahm. C’est comme un ludion qui bondit sur scène de clavier en clavier. Mais c’est caaaaaaalme. C’est ambient, c’est planant. C’est le type de musique parfait pour chiller, étendu sur un transat, un verre de vieil alcool à la main. En festival, la nuit tombée, ça colle un blues narcoleptique total. Bref, parking, voiture, retour maison.

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Pause bière-burger. Alors que Charlotte Gainsbourg entame son set. Electro, voix évanescente. J’aime bien la famille Gainsbarre (qui se bourre pendant que Gainsbourg se barre). Question en passant : elle ne serait pas la fille d’un illustre et vénéré déglingué, qui écouterait les albums de Charlotte, malgré des auteurs/compositeurs prestigieux ? Elle chante Charlotte Forever, elle finit par Lemon Incest, en chantant les parties vocales de son paternel. Prise de risque maximum dit la critique en érection maximale. Soit. Je préférais Serge.

La suite ? Superorganism, une tribu sur scène, des vidéos de bébé animaux, et de n’importe quoi en arrière-plan. C’est un univers unique, surprenant, bordélique à souhait… et un peu lassant.

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Et là…

Révélation. Paul Apôtre sur le chemin de Damas, Paul Claudel au détour d’un pilier de Notre Dame de Paris, Paul Ricard découvrant la recette du pastis, Paul Emploi voyant se redresser la courbe du chômage. Il s’en est fallu de peu pour que le chroniqueur ne tombe à genoux. Alléluia, gloria. Phoenix, c’est lumineux, c’est puissant, c’est pop, c’est dansant. Tous a priori balayés en un instant. Je bouge mon corps, je lève les bras. C’est beau comme un film de Sofia Coppola. Moment de grâce avec une version acoustique de Playground love.

Fin de concert, Thomas Mars s’offre une séquence de crowdsurfing. C’est cool, on est heureux. A tel point qu’on zappe les pourtant excellents Lemon Twigs, pour rester sur l’impression magique d’un set lumineux.

Fin de Route du Rock 2018. Retour Paname.

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