Quelques reformations "juste pour le plaisir d'être à nouveau ensemble" et jamais "just for the money, man" de groupes mythiques sont annoncées...

Après The Police, qui s'annonce être la prochaine hype de l'automne (du moins pour l'Europe après échauffement sur le territoire américain), la presse américaine parle sérieusement des Smashing Pumpkins, Rage Against The Machine et Van Halen.

Question: à partir de quel moment une reformation est-elle crédible? Parfois, ne reste du groupe d'origine qu'un membre, qui fait appel, pour la tournée ou, pire, le nouvel album, à des requins de studio... Analyse au cas par cas...

The Police: crédibilité forte... le trio est intact. A suivre... En particulier, ne serait-ce que pour savoir jusqu'où Sting monte dans les les aigus... 

 

Smahing Pumpkins... Seulement 50% du line-up original. James Iha, le guitariste et D'Arcy, la bassiste étant aux abonnés absent. Affaire mineure. L'âme du groupe, Billy Corgan reprend la route. A la limite du non-événement.

 

Rage Against The Machine... 100% du line-up original. Y compris Tom Morello et Zach De La Rocha, partis fâchés il y a 7 ans. Positionnement: Bush est toujours en place... Sartre prenait sa plume pour une épée. Morello prend sa Stratocaster pour un AK47. Sérieux, car radical. Pas de tournée annoncée. Brutal et pas consensuel. Musicalement très segmentant...

 

 

 

Van Halen... avec David Lee Roth. 75% du line-up original. Presque sérieux. Le chevelu et charismatique chanteur parti, Van Halen était devenu une caricature plus Spinal Tap que nature. Potards sur 11. Et crédibilité réduite à moins que zéro. Grosse cavalerie. Pas vraiment un groupe majeur non plus malgré l'énorme "Eruption" sur le premier album. 1 minute 20 de guitare virtuose. Impressionnant, mais léger comme contribution à la musique du diable. Gros son, gros show. Rigolo probablement. DLR est-il aussi souple qu'avant? On peut en douter... A la limite de la parodie... (Breaking news: Eddie Van Halen annonçait sur le site du groupe le 8 mars dernier qu'il entrait en cure de désintox..., tournée pour le moment annulée...)

 

 

Officiellement pas pour l'argent... Genesis. Toujours sans Peter Gabriel et Steve Hackett. Plongée dans les années 80. Stades pleins.  RAS. Accessoirement, des tribute bands rejouent note pour note "The Lamb Lies Down On Broadway", maquillages d'époque inclus... Ca va marcher.

 

Une question sous-jacente: pourquoi? Pourquoi ces reformations? Et surtout, pourquoi ça marche? Réponse réconfortante aux incertitudes de l'époque? Besoin de nostalgie? Besoin de points d'ancrages dans une époque incompréhensible et complexe? Probablement. Avant 1989, le monde était simple. Les bons d'un côté, les rouges de l'autre, plus quelques malins qui préféraient être rouges que morts.... Une minorité. Qui quelques années plutôt demandait la paix au Vietnam... 

 

En plus, les groupes des années 60 commencent à se dépeupler... J'avoue avoir été secoué quand George Harrison est mort. Les Beatles étaient immortels. George meurt bêtement d'un cancer à moins de 60 ans. Pas d'une OD à 27 comme ses contemporains. Un vrai truc de vieux. Les Who sont à moitié morts. Et tournent encore. En chantant sans rire devant une assistance qui rit encore moins "I hope I die before I get old"... Neil Young tourne encore, crée encore des hymnes électriques à la paix. Mais a chanté "Rock'n'Roll is here to stay, It's better to burn out than to fade away"... Intégrité totale. Cohérence. La médecine ayant fait des progrès considérable, même David Crosby, pneu rechappé, foie refait à neuf a repris du service. "Fade away" quand même au niveau créatif. Mais le "Burn out" est derrière. Demandez à Yusuf "Cat" Islam "Stevens" ce qu'il en pense.

 

 

 

 

 

Il n'y a que les Sex Pistols qui avaient eu l'honnêteté cynique d'appeler leur tournée de retour aux affaires, "The Filthy Lucre Tour". Sacré Johnny Rotten!

L'intégrité, c'est d'être meilleur vieux qu'en milieu de carrière, comme ce vieux Robert Zimmermann. Toujours vaillant, il fait salle comble, malgré une voix déraillante et des compositions qui ne sont plus les hymnes d'une génération, mais une poésie honnête ciblée quinquas sur le retour. Adaptation du produit à son public.

Les Stray Cats ont fait un bref retour. On en retient le toucher de guitare de Brian Setzer, intact. Et la surcharge pondérale du trio... Le Clash ne s'est jamais reformé et Joe Strummer est mort. Ite misa est. Intégrité totale. Il n'aurait jamais chanté "Just a Gigolo" pour un clip de MTV, lui.

Les Stooges... On en a déjà parlé ici même la semaine dernière. Tout est dit. Intégrité totale.

 

Ce qui frappe malgré tout, c'est cette longévité des marques que sont devenues ces légendes du rock. On peut être sceptique quant à la durée de vie des Klaxons, Kaiser Chiefs, Strokes et autres... Malgré la hype du moment... Qui se souvient d'Oasis? Je déconne... mais pas tant que ça. Où sont leurs hymnes? Leur Bohemian Rhapsody? Leur My Generation? Leur God save The Queen?

  

 

Autant l'époque produit tellement de musique qu'on y fait autant attention qu'au papier peint (voir à ce sujet, une note admirable de l'excellent Môsieur Resse) et qu'un groupe chasse l'autre... autant les valeurs sûres, vieux tromblons, madeleines de Proust continuent de remplir les stades... Paradoxe, paradoxe...

Mais ne boudons pas notre plaisir.

 

Rock'n'Roll will never die. L'affirmation adolescente qu'on citait sans trop y croire est devenue réalité.