Chose vue sur le site de l'Hadopi. Dans la rubrique Hadopi Labs - notons la petite touche de modernité qui fait employer un léger anglicisme (pour donner un goût plus sucré à la chose?) - un schéma qui à mon sens est très révélateur de la vision de l'Internet telle qu'elle semble prévaloir dans les cercles du pouvoir.
Internet au centre du dispositif, de nombreux cercles concentriques, regroupant les autorités de régulation et de surveillance. Premier cercle, Hadopi, la Cnil, l'Arjel... Second cercle, la Présidence de la République, le Premier Ministre, les Ministères. Troisième cercle, quatrième, etc... On élargit la vision jusqu'aux autorités suprême, Ocde, Icann... La liste fait sens. La représentation pose des questions. On sent clairement qu'Internet est une préoccupation nationale au premier chef. Dans une optique de régulation. Puisque dans cette représentation des Hautes Autorités et Commissions Nationales, sont en première ligne, suivies de près par l'exécutif.
C'est à mon sens une vision extrêmement réductrice d'Internet. On pourrait remplacer le terme Internet par ORTF ou Minitel. On comprendrait mieux. Et c'est là la problème. Internet n'est ni l'ORTF ni le Minitel. Le schéma induit une vision d'un Internet fermé, bordé par les frontières nationales. Or Internet est une toile, un réseau transnational qui se joue, pour le meilleur et pour le pire des régulations locales. Internet n'est pas au coeur du dispositif, il en est le moteur, la trame de fond.
Il eût été plus honnête de mettre l'utilisateur au coeur des cercles concentriques, car c'est lui qui est dans la ligne de mire, avec comme objectif caché, un désir qu'il ne puisse, comme en Chine et autres grandes démocratie n'accéder qu'à des contenus autorisés et bienveillants pour les pouvoirs en place.
Enjoy!