Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Hellfest 2022, le récit - Part 1

Le Hellfest est une expérience à vivre de l'intérieur. En voici un récit, totalement subjectif avec ce qu'il faut de mauvaise foi et de parti-pris. 

(Et non, je n'ai pas montré mon séant aux équipes de Quotidien en bramant metaaaaaal!!!! je ne les ai jamais croisées).

Au-delà des légendes urbaines, ladies and gentlemen, Hellfest 2022, épisode 1, les 3 premiers jours. De la bière, des décibels et de la sueur. (écrit d'une traite sans relecture)

Jour 1 - On l'attendant depuis 2 ans. Deux années sans se mettre la tête à l'envers dans un déluge de décibels. Et l'attente a été fructueuse. C'est bon la frustration de temps en temps. Pour accéder au sublime, à l'extrême de chez extrême. A commencer par la température extérieure. 36° tranquille. Il fait chaud en Enfer. On a beau être prévenu. C'est chôôôô !!

Premier pichet de bière. Première gorgée de bière. Pour l'instant (éphémère) Philippe Delerm. Après ça, deuxième gorgée et on se dit que le premier pichet en appelle un deuxième. Ad lib. Avant de sa gaver de Pad Thai, de burgers patate steak, de cochon patate… Bref, du solide pour éponger, des sucres lents pour affronter la foule et la station debout. Et des litres d'eau sitôt ingérés sitôt sués.

Entrée en matière avec The Offspring. Facile, le groupe déroule ses hymnes, la foule reprend en chœur. Facile. 

Divers détours plus tard, Dropkick Murphys. On tape dans le dur, le Bostonien, le celtique avec accordéon, cornemuse, banjo, en sus de l'attirail traditionnel du groupe de rock qui envoie du shamrock (je tente une variante à envoyer du bois). Et je me prends à bramer Rose Tattoo, entre autres, jusqu'au final, l'orgasmique Shopping un to Boston (Wo ho ho… And I Lost my leg…). Bref, on revoit en direct le regard satanique de Jack Nicholson, et le délire des Infiltrés.

Bière, burger, bière burger, eau, pose-pipi, eau, bière…

Direction Warzone pour les Cro-Mags. Sans a priori. Je ne connais pas le groupe sinon de réputation. Avec son chanteur Harley Flanagan, petite boule de nerfs et de muscles. Bien agressif comme il faut. ET CA ENVOIE (du bois, du metal, de la sueur, du sang et des larmes). Bref, c'est délicieusement destroy. Et en même temps, quand on va écouter du punk ou du hardcore, on ne va pas faire du crochet en buvant un thé au jasmin en écoutant des berceuses de Schubert. Une bonne préparation psychologique pour le concert de clôture de la première journée, Suicidal Tendencies. Entre les deux, un peu d'Electric Wizard, qui nous amène plus du côté de Schubert, précédemment cité, avec de longues plages instrumentales psyché, presque planantes au regard de ce qu'on entendit quelques minutes plus tôt.

Suicidal Tendencies, grand moment. A peine une dizaine de titres, étirés sur 1h15. A grand coup de harangues de la foule. Mike Muir, bandana + casquette hurle Suicidal, la foule répond Tendencies. Hurle S, la foule Tiiiiii. Bref, comment faire durer à peu de frais. Il n'est ni le premier, ni le dernier à user ce genre d'artifice, fort convivial, mais, allez, on ne va pas se mentir, un peu facile ! Le grand moment arrive vite. Faire monter le public sur scène et se retrouver avec 50 ? 60 ? Bref beaucoup de monde sur scène dans un bordel total, au final totalement maîtrisé. Le groupe effectue les 3/4 de son concert (en gros, je n'ai pas chronométré et ne suis point helvète) avec un public sur scène qui popote, slamme et s'agite frénétiquement sans gêner ni le guitariste, ni le bassiste, et sans détruire le kit de batterie. Respect. Côté basse, à la manœuvre, Ty Trujillo, fils de Robert Trujillo, bassiste original de ST. La valeur n'attend pas le nombre des années comme disait Corneille dans Le Kid. Le gamin a déjà tourné avec Korn à l'âge de 12 ans… Il a du métier !

Fin du set. Il est 2h00 du mat passé. On s'extirpe du site, on marche quelques kilomètres. On s'écroule dans la voiture avec un râle de satisfaction. Dodo vers 3h00 du mat. Il a fait chaud, mais on a survécu.

Jour 2 - Réveil avec courbatures. Pas de mal de crâne. Le dosage eau-bière de la veille a été optimal. On jette un regard au programme et on se dit qu'entre Brutal Sphincter et Rectal Smegma, la matinée est dédiée aux poètes. Naturellement, on se met à fredonner Pipi-Caca des délicieux Ultra Vomit. L'ambiance est euphorique. Et à force de prendre son temps, les deux groupes susmentionnés resteront au stade théorique sans qu'on puisse mettre un son sur un nom. 

Arrivée sur zone, désarmement des toboggans, on reste assis jusqu'à l'arrêt complet de l'appareil, on remplit les gourdasses d'eau et les pichets de bière. En écoutant Soen d'une oreille un peu distraite, occultée comme il se doit du bouchon indispensable pour ne pas devoir prendre rendez-vous chez Afflelou ou Audika avant la fin du weekend. 

Un coup de Frustration sur la Warzone. Français, au son très post-punk British, énervés comme il faut. Bonne entrée en matière. On dérive jusqu'à The Darkness. Rien à signaler. Je n'ai jamais vraiment adhéré. Et je n'adhère toujours pas. Et c'est l'occasion de se planquer à l'ombre entre deux douches, quand la température ambiante monte tranquillement. Toujours à l'ombre, en position quasi-horizontale avec Heaven Shall Burn (groupe allemand, deathcore… Pour résumer, c'est brutal, mais ça se déguste avec plaisir en musique de fond, on reprend des forces, en décrétant un moratoire provisoire sur la bière, pour se donner une chance de terminer la journée… Car il y a encore du lourd au programme. Je laisse de côté Alestorm, pourtant bien déconnant et celtique (mais les claviers guitare ne remplacent pas les cornemuses et accordéons. Un tour sur la Warzone, positionné pile-poil sous le brumisateur géant pour profiter d'un petit grain parfaitement breton. Sur le chemin, remplissage des bouteilles d'eau, trempage de la casquette. Et c'est parti pour Agnostic Front. Gros son, le chanteur exige le circle pit dès le premier titre. Brut, brutal, impitoyable. Translation par la suite vers la zone MainStage pour Steel Panther. J'arrive en plein set de Rival Sons. Une ballade larmoyante guitare acoustique-voix… Zzzzzz… Zzzzzz… On n'est pas obligé de tout apprécier. Je passe sous la douche géante. Et observe avec amusement un tournoi improvisé de lutte dans la boue… Y'a du muscle, du tatouage, des slips. Les plus audacieux demandent si par hasard un tournoi féminin est prévu… Parfaite transition pour la suite. 

Pour ceux qui ont connu les années 80, pour ceux qui ont lu Fargo Rock City, pour ceux qui ont regardé MTV, pour ceux qui ont survécu aux années 80, il y eut le glam metal, parfois appelé hair metal. Cheveux longs, tenues en lurex près du corps, rock'n'roll attitude poussée à l'extrême, sexe, drogue, excès divers. Emoi des parents américains, croisade menée par Tipper Gore, femme d'Al Gore qui amena Frank Zappa et Dee Snyder à témoigner devant le Sénat américain (en costar). Bref, époque de Poison, Motley Crue, Def Leppard, WASP, Ozzy, Van Halen… Mais revenons à Steel Panther qui fait revivre avec talent cette époque : textes qui ne parlent que de cul, blagues de cul entre deux morceaux, imitation de Rick Allen, le batteur manchot de Def Leppard, imitation brillante de Randy Rhoads et d'Ozzy Osbourne. Michael Starr, chanteur de Steel Panther au look de David Lee Roth, démarche hésitante, lunette rondes et regard dans le vague, incarne un Ozzy plus vrai que nature. Qui termine son morceau en décapitant avec les dents une chauve-souris… en peluche. Suite du show, les filles montent sur scène, montrent leurs seins. Lucy Sue, bassiste française ayant postulé pour rejoindre le groupe, est sur scène, elle prend la basse. Steel Panther, ou le show le plus délirant de cette édition. Dans la pure tradition Spinal Tap lubrique. Que du bonheur !!! Le soleil se cache derrière des nuages, Dave Mustaine, renfrogné comme d'habitude entame son set. Mur d'amplis Marshall, gros gros son. Megadeth en forme. C'est l'occasion de refaire le plein de bière, de jeter une oreille aux punks senior de Toy Dolls, et de tenter de passer une tête sous la tente de l'Altar pour Sepultura (sans les frères Cavalera qui se sont cavalés depuis des lustres). Foule dense, de plus en plus dense pour l'affiche ultra-mainstream de la soirée. Les vétérans de Deep Purple et la sensation pop du moment, Ghost.

Que dire de Deep Purple ? Que les septuagénaires se portent bien, que Ian Gillan ne monte pas trop dans les aigus, que le remplaçant de Jon Lord nous joue du Mozart (et se risque à quelques impros parfaites pour un festival de jazz) et que l'on est content d'avoir pu entendre Smoke on the water, et un medley de tubes 70s inoxydables, Caught in the Act. Foule compacte de chez compacte. Le décorum de Ghosn est en place, les goules sans nom prennent place, le pape émérite (je ne sais plus lequel, j'ai perdu le compte) aussi. La compacité de la foule s'accroit. Translation vers l'Altar, ça devient une habitude, où je me pose littéralement par terre adossé à un pilier. Et là, miracle, pendant qu'Agressor, combo de death/thrash metal français me submerge sous un déluge de décibels en parfaite cohérence avec leur nom, mon mal de dos s'estompe, disparait, et me voilà à nouveau sur mes pattes arrière alors qu'1/4 d'heure plus tôt j'étais dans le même état qu'un labrador au stade terminal… Alléluia. Retour à la niche dans la joie et la bonne humeur. Quelques gouttes de pluie bienfaisante. Des éclairs au loin.

Jour 3 - Il a plu, l'atmosphère s'est rafraîchie. C'est dimanche, on traine. Et on écoute Doro en dégustant un burger, tout en sirotant un verre d'IPA.

Passage par la scène Temple pour découvrir Gaahls Wyrd, du black metal norvégien. Où l'on se rend compte de l'impact des longues nuits d'hiver au pays des trolls, d'Odin et compagnie. L'univers du groupe est mélodique, lugubre, brutal, et le maquillage du chanteur évoque les plus sombres heures des visites chez l'oracle de la série Vikings… Bref, ça fait flipper les petits enfants. Et procure ce petit frisson chez les adultes qui regardent encore sous leur lit avant d'aller se coucher si par hasard le croquemitaine des contes de leur enfance ne s'y cache pas. Allo ? Passez-moi le fantôme de Bruno Bettelheim, sivouplé…

Petit tour dans la tente voisine pour écouter quelques notes de Red Fang, du gros stoner qui tache. Mouais… Autant fuir sur la Warzone. Deez Nuts, hybride de punk et de hip hop. Nerveux, énervé, la température extérieure est retombée dans l'acceptable, retour à la zone de confort. 

Pause dans l'herbe, dîner devant Korn. Un groupe dont je connais mal le répertoire et sur lequel je ne me prononcerais pas sinon pour dire que je n'ai jamais vraiment accroché, et que ce ne sera pas pour cette fois non plus. On ne peut pas être sur tous les fronts. 

Enchaînement avec Judas Priest. Judas Priest, 50 ans de carrière au compteur, et ça commence à se voir. Pas tant au niveau du son, du décor, des capacités techniques des musiciens… Que serait un groupe sans son chanteur, sans cette signature vocale qui le rend immédiatement identifiable. Pour faire court, Rob Halford a 71 ans. Il monte dans les aigus, mais ses déplacements sur scène se font à l'économie. On ne peut pas avoir éternellement 20 ans. Voir Judas Priest, comme un certain nombre de légendes du metal, heavy metal, etc. Commence à ressembler à une visite de musée. On y va avant qu'il soit trop tard. Et tout le monde n'a pas l'hygiène de vie de Mick Jagger, pour continuer à se trémousser sur scène sans sombrer dans le ridicule. Voix un peu poussives, gestuelle ralentie. Il va falloir commencer à envisager un final à la Johnny Cash les gars. D'autant plus que les American Recordings d'icelui sont de pures merveilles, même avec une voix se dégradant album après album. Mais je m'égare. Et me dirige vers la Warzone, décidément mon spot favori dans l'enceinte du Hellfest pour écouter Walls Of Jericho, dont on peut dire que la chanteuse, Candace Kucsulain, donne tout. Le nom du groupe n'est point usurpé. Les murailles de Jericho s'effondrent sous des coups de boutoir hardcore. 

Et c'est moitié assumé et sourds que nos héros se positionnent pour LE gros morceau de la soirée, Gojira. S'il y a une French Touch pour l'electro, on peut affirmer qu'elle existe aussi dans le metal. Gojira en est la preuve. Puissant, monstrueux, violent et mélodique avec des effets visuels hyper soignés et originaux. Il y a des batteurs puisants un peu partout dans le monde, et il y a Mario Duplantier. Au-delà d'impressionnant. Phénoménal. Il faut le voir pour le croire. The drumming machine. Certains titres frôlent la techno tant le beat est rapide, régulier, presque mécanique. Gojira rend accessible à tous un genre de niche. Partis du death, ils embarquent leur public vers des territoires inconnus, il suffit de se laisser porter par la puissance mélodique. Énorme, grandiose. Final de choix pour cette 3ème journée. Fin des hostilités, feu d'artifice célébrant les 15 ans du festival. Retour à la casa courbaturés.

Dodo.

3 jours de récupération en perspective avant d'attaquer les 4 journées du 2ème Hellfest !!!

Catégories : Festivals, Musiques Lien permanent

Les commentaires sont fermés.