Je reviens sur une tribune d'Anne Hidalgo et Stéphane Pellet dans le numéro du 27 juin dernier des Inrockuptibles. Titre prometteur, "Il faut défendre les médias". J'aime bien les gens qui défendent les médias. L'état des lieux est sans appel: ça va mal. Ca va dans le sens de ce que je peux constater moi-même depuis des mois.

En substance, annoncent Anne Hidalgo et Stéphane Pellet, l'information est devenue "à l'échelle planétaire, l'instrument cardinal du pouvoir économique et les entreprises du secteur des proies très convoitées". Rien à dire. C'est pour le moins pertinent! Rien à dire non plus sur la préservation de l'indépendance des médias, seule garante de l'exercice d'une démocratie réelle.

Ca coince hélas quelques lignes plus loin... 

Si le constat est avisé, les solutions préconisées le sont moins, ou du moins très idéologiques... En gros, soit on accepte la mort des journaux d'information non rentables, soit on met en place un système de financement de la presse par redistribution des aides publiques et taxation du marché publicitaire et des FAI... Quelques lignes plus loin, re-belote: il faut refondre les aides à la presse et à la création audiovisuelle, lutter "contre la prédominances des seules lois du marché"... C'est noble... La solution préconisée est là aussi un bis repetita navrant: il faut taxer les FAI et les ressources publicitaires... Nos Robin des Bois appliquent les bonnes vieilles recettes: faut taxer les riches. Pas un mot sur les problèmes inhérents à la presse quotidienne: ses surcoûts de fabrication, son réseau de distribution déclinant. Pas un mot sur l'évolution des goûts des consommateurs. Une presse de qualité, certes, mais sans personne pour la lire. Je n'entends pas tellement nos idéologues sur le sujet. 

Suit évidemment le couplet sur la télévision et le service public... Faut faire de la qualité, faut un grand service public... Financé avec quoi? Ah, oui! La taxation des recettes publicitaires... Jusqu'à présent, on cherche une différence entre TF1 et France 2, et on a du mal a en trouver du côté de la qualité des programmes. Sauf que l'audience ne suit pas. Le peuple de gauche regarderait-il TF1? Merdre! comme dirait Ubu! Quelle faute de goût! Nos chroniqueurs en appellent aux belles avancées de la gôche d'il y a vingt-cinq ans, "la fin de la censure politique et la libéralisation des ondes"... C'est beau. Mais ne sont-ce pas nos amis du PS qui ont annoncé que si la gauche parvenait au pouvoir en 2007, TF1 devrait quitter le navire de la chaîne d'info internationale, France 24 (cf Stratégies Newsletter 29/06/2006?

C'est inquiétant, car quoiqu'en pensent nos spécialistes PS de la culture et des médias, il n'est pas évident que la loi du marché soit un frein à la création ou à la liberté de l'information. Le manque d'audace, lui, est un. En termes de création audiviosuelle, comment expliquer que les séries télé qui triomphent actuellement, et dont on loue l'originalité scénaristique soient produites pas ABC (Lost, Desperate Housewives) ou HBO (Deadwood, Rome)? En clair, produites par d'infâmes officines américaines issues du grand capital... Juste la preuve par l'exemple que qualité, audace et ambition paient!

Pour en revenir à la presse, certes sa situation est très préoccupante... mais ce n'est pas en taxant des entreprise qui marchent pour subventionner à fond perdus des entreprises malades que l'on résoudra les problèmes. La révolution numérique permet l'émergence de nouveaux canaux de distribution. Aux quotidiens, qui diposent de marques historiques de faire leur aggiornamento... Quant aux gratuits, s'ils ont sû trouver leur marché, tant mieux! On ne peut que se réjouir de la réussite d'une entreprise, et les médias ne font pas exception à la règle: ce ne sont que des entreprises avec des contingences de rentabilité, qu'elles le veuillent on non.

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